Les Femmes des Coopératives du PROJET DE DÉVELOPPEMENT DES CHAINES DE VALEURS AGRICOLES (PDCVA) reçoivent une formation en gestion des coopératives et leadership féminin dans les villes d’Edea, Bafia et Nkongsamba.

Dans le cadre de la mise en œuvre du Projet de Développement des Chaînes de Valeurs Agricoles (PD_CVA) se sont tenus 03 ateliers de formation des femmes des coopératives encadrées par ledit Projet en « Gestion des Coopératives et Leadership Féminin ».

Les travaux de ces ateliers se sont déroulés successivement dans les localités abritant les bassins des trois filières du PD_CVA à savoir:

  • Edéa du 12 au 14 juillet 2023 à l’Hostellerie de la Sanaga au profit de 33 femmes des coopératives de la filière palmier à huile ;
  • Bafia du 18 au 20 juillet au Centre de Promotion de la Femme et de la Famille en faveur de 32 femmes des coopératives de la filière ananas ;
  • Nkongsamba du 02 au 04 août à MBIFANO Hôtel en faveur de 33 femmes représentantes des coopératives des trois filières (palmier à huile, ananas et banane plantain).

Ces 03 ateliers venaient à la suite de celui déjà tenu à Ebolowa sous la même thématique en décembre 2022, à l’adresse de 32 femmes des Coopératives de la filière Banane Plantain.
L’objectif majeur étant de former environ 250 femmes dans le domaine de la Gestion des sociétés coopératives et de leadership, en vue d’un accès équitable aux avantages et bénéfices offerts par le PDCVA (les différentes feuilles de présences sont jointes en annexe).
Toutes les sessions se sont déroulées sous la coordination technique de Madame ABE Solange, Expert Genre au PDCVA et de Monsieur ATEBA Emmanuel, Chargé de Programmes à ONU-Femmes. La modération des ateliers étant assurée par Madame BANGWENI Hélène Solange Point focal PDCVA au MINPROFF.
Il était question au cours de ces assises de renforcer les capacités des participantes, identifiées dans les Coopératives des filières du PDCVA par les différents Coordonnateurs, à travers le Développement d’une gamme de Modules portants sur :

  • les notions de Genre et de VBG;
  • les instruments juridiques de promotion des Droits de la femme;
  • les notions de Leader et de Leadership féminin;
  • les justifications, atouts et obstacles du leadership féminin ;
  • le processus de création d’une Société Coopérative ;
  • la gestion d’une Société Coopérative ;
  • l’Education Financière (la culture entrepreneuriale, l’importance et les étapes de l’élaboration d’un business plan et la gestion financière).

La méthodologie de travail privilégiait les approches participatives faites par exposés introductifs ou des échanges interactifs permettant aux participantes de répondre par elles-mêmes à certaines questions de compréhension pour chaque module. Les travaux de groupes, les études de cas suivis des restitutions en plénière ont permis le Leaning by Doing.

Les ateliers se déroulaient pendant 03 jours. L’agenda prévoyait des articulations types

I- DE LA CEREMONIE D’OUVERTURE

Cette phase était meublée par le mot de bienvenue de Madame BANGWENI Hélène Solange, Point Focal MINPROFF/ PDCVA et modératrice de circonstance. Suivi de la présentation individuelle des participants. Puis, Monsieur ATEBA Emmanuel, Chargé de Programmes à ONU-FEMMES, faisait une brève présentation des Termes de Référence (TDR) de l’activité, en insistant sur les objectifs, les résultats attendus et les modalités pratiques de celle-ci.

La présentation du PDCVA se faisait par Madame ABE Solange, Expert Genre du Projet. Lors de ses différentes interventions, elle a fait savoir que le PDCVA est un projet du MINADER, financé par la Banque Africaine de Développement (BAD). Il bénéficie de l’assistance technique de ONUFEMMES pour la prise en compte du Genre dans ses différentes composantes, notamment la production, la transformation et la commercialisation des produits des filières banane-plantain, ananas et palmier à huile. Dans son propos, l’EG a également annoncé la création de trois usines de transformation à Ngwei, Sikoum et Njombé qui devraient faire booster la production du palmier à huile, pour une transformation en huile de palme de qualité et dérivés de valeurs au Cameroun.
Par ailleurs, le but recherché de ces ateliers était d’encourager les femmes à occuper des postes de responsabilité au sein des coopératives et à devenir leaders, afin qu’au demeurant, 50% des coopératives accompagnées par le PDCVA soient dirigées par des femmes.

II- DU DEROULEMENT DES ATELIERS PROPREMENT DITS

A/-Des premières journées :

Les premières journées étaient concentrées à la présentation de quatre modules:
II.1- Module 1 : Genre et Violences Basées sur le Genre (VBG)

présenté par Monsieur MVOGO MFOMO Jean, Expert en Genre en service au MINPROFF. A l’entame de son exposé, il procédait à la définition des termes clés parmi lesquels :

  • Le Genre défini comme étant un caractère socialement construit des identités féminines et masculines et des rapports sociaux qui en découlent. Il est destiné à mettre en lumière les disparités, les écarts et les inégalités entre les hommes et les femmes. Il est une priorité de développement dans laquelle il importe de sauvegarder les intérêts spécifiques des hommes et des femmes.
  • Les VBG se définissent comme des violences dirigées à l’encontre d’une personne du fait de son sexe et entraîne les conséquences néfastes.

Pour mieux combattre les violences économiques, il faut les connaître et les comprendre, l’intervenant a abordé la typologie des VBG en insistant sur les violences économiques qui rendent les femmes plus vulnérables. Elles se manifestent entre autres par la privation des revenus, de travail ou d’emploi, des salaires inégaux. Les auteurs de ces violences sont principalement les hommes (Conjoints, employeurs, leaders communautaires, parents). Les victimes sont principalement les femmes, les épouses et les jeunes filles. Quant aux lieux de pratique de ces violences, il s’agit beaucoup plus du milieu familial, professionnel, religieux, carcéral et coopératif.

S’agissant des causes de ces violences, nous notons entre autres : le niveau d’éducation, la pauvreté, les normes socioculturelles, la différence de perception de l’amour et de la vie conjugale, la désinformation et l’ignorance.

Les conséquences des violences économiques sont nombreuses et néfastes

  1. sur l’individu (dépression, repli sur soi, agressivité, instabilité émotionnelle, trouble de sommeil, tentative de suicide);
  2. sur la famille (dysfonctionnement de la cellule familiale, risque de stigmatisation familiale) ;
  3. sur la société (aggravation du phénomène des enfants de la rue, prostitution, mendicité).

Les échanges autour de ce module étaient l’occasion d’entretenir les participantes sur les méthodes de dénonciation et de lutte contre les VBG.

II.1- Module 2 relatif aux échanges sur les mécanismes locaux de prévention et la cartographie des structures locales de prise en charge des VBG a été succinctement présenté par Monsieur ONDOBO TSALA Yves et par Mme ONGONO Natacha du MINPROFF.

Ainsi, les participantes ont été édifiées sur, (i) les modes de prévention des VBG à travers les campagnes de sensibilisation à l’endroit des hommes, des familles, des leaders communautaires et religieux, (ii) les sessions de vulgarisation des instruments tels que la Stratégie Nationale de Lutte contre les VBG, (iii) le Guide d’Accompagnement des Veuves, (iv) le nouveau Code Pénal et les plaidoyers auprès des décideurs.

Les mécanismes de prise en charge des VBG et les intervenants à savoir les services déconcentrés du MINPROFFF, les forces de sécurité (police, gendarmerie), les structures hospitalières et de la justice, ont également été mis en exergue.

II.3- Module 3 intitulé Leader et Leadership développé par Monsieur ATEBA Emmanuel, a permis d’apporter d’amples explications ou réponses aux questions suivantes :

  • Qu’est-ce qu’un leader ?
  • Qu’est-ce qu’un leader démocratique ? (Avantages et inconvénients)
  • Qu’est-ce qu’un leader dictateur ? (Avantages et inconvénients)
  • Quelles sont les fonctions d’un leader ? qui ont été identifié à savoir : planifier, organiser, diriger et contrôler.

Les échanges issus de ce module ont permis d’apporter une précision sur la notion du leadership féminin qui est la capacité d’une femme à diriger, à prendre des décisions, à donner son avis, à être à la tête d’une entreprise tout comme l’homme. Aussi, de façon participative l’on a énuméré les caractéristiques d’une femme leader et les obstacles du leadership féminin au niveau des coopératives.

II.4- Module 4 : Processus de création et de gestion des coopératives présenté par Monsieur NGOUYAP Yaya.

Il débutait son exposé par la définition des expressions ci-après :

      • Société coopérative qui est un groupement autonome de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs. Ceci, au moyen d’une entreprise dont la propriété et la gestion sont collectives et où le pouvoir est exercé démocratiquement et selon le principe coopératif.
      • Puis, définition la coopérative agricole comme étant une entreprise créée par les agriculteurs, qui leur appartient collectivement et qu’ils gouvernent eux-mêmes. Une coopérative agricole collecte et transforme les produits de ses agriculteurs-coopérateurs et contribue à l’économie locale.

 

Au cours de cet exposé l’on a évoqué l’importance d’une société coopérative, ses principes et ses valeurs, les différentes formes de coopératives (Société Coopérative Simplifiée (SCOOPS) et Société Coopératives avec Conseil d’Administration (SCOOP/CA), les étapes de créations, l’ensemble des pièces à fournir pour concevoir un dossier de création, les obligations d’une société coopérative vis-à-vis du registre et la procédure de dissolution d’une société coopérative.

B/- Des deuxièmes journées :

Les travaux des jours 2 sous la modération de Madame BANGWENI Hélène Solange, étaient meublés par la lecture du compte rendu du jour précédent, nous rappelant avec clarté toutes les activités de ladite journée ainsi que les diverses présentations. Puis suivait l’annonce de l’agenda de la journée proprement dit, avant le déroulement des activités.

II.5- Module 5 : Discussion générale sur la représentativité de la femme dans les instances dirigeantes des coopératives locales et esquisses de mesures d’amélioration

Présenté par Monsieur ATEBA Emmanuel, avec un accent particulier sur les différents problèmes que rencontreraient les femmes au sein de leurs coopératives, cette phase dont l’objectif était d’échanger, de comprendre et de tirer des expériences les unes et des autres afin d’en trouver des solutions était un bon moment de discussion.
Au demeurant, quelques problèmes récurrents ont été énumérés à savoir :

      • le manque d’action commune au sein des coopératives ;
      • le manque d’infrastructures ;
      • l’insuffisance des moyens de transport ;
      • le manque de financement ;
      • le manque de main-d’œuvre qualifiée ;
      • l’absence voire la sous-représentativité des femmes dans les instances exécutives des coopératives ;
      • l’attribution de lourdes charges de travail aux femmes.

Après échanges et discussion, les participantes ont elles-mêmes trouvé des ébauches de solutions à ces différentes contraintes.
II.6 – Module 6 : Education Financière
Présenté par Madame MEBOE Jeanne, ce module était axé sur trois chapitres à savoir :

1/- La culture entrepreneuriale suivant les articulations suivantes :

      • la notion d’idée d’entreprise et comment choisir la meilleure idée d’entreprise ;
      • la typologie d’entreprise ;
      • les qualités d’un bon entrepreneur ;
      • les causes de réussites et d’échecs d’une activité économique ;

A la fin, un rapprochement a été fait entre un bon entrepreneur et bon leader à travers plusieurs points communs qui ont été mis en exergue.
2/- L’élaboration d’un business plan
Madame MEBOE Jeanne s’est attardée au cours de son exposé sur trois questions :

        • qu’est-ce qu’un plan d’affaires ou business plan ?
        • quelle est l’utilité du plan d’affaires ?
        • quels sont les caractéristiques et le contenu d’un plan d’affaires ?

En guise de réponse à ces questions, la formatrice s’est appesantie sur le contenu proprement dit d’un plan d’affaires à savoir : la présentation de la coopérative, le contexte et justification, la présentation du projet à réaliser, son objectif général, ses objectifs spécifiques, les résultats attendus, les activités à mener, l’étude du marché, la stratégie marketing, l’étude technique, l’étude économique et financière, le compte d’exploitation prévisionnel et une conclusion.
Pour la meilleure compréhension de ce module, des travaux de groupes (05) ont été confiés aux participantes sur l’élaboration d’un business plan d’une idée de projet dont la restitution était faite le lendemain.

3/- La Gestion financière

C/- Des troisièmes journées :

Les travaux de la troisième journée débutaient également par la lecture du Compte rendu de la deuxième journée. Puis, suivait la restitution des travaux de groupes de l’exercice donné aux participants le jour précédent. Cette phase a permis aux participantes de mieux s’approprier les différentes étapes pour l’élaboration d’un business plan ou plan d’affaire.

II.7- Module 7 : Instruments juridiques de promotion des droits de la femme

Monsieur ONDOBO TSALA Yves et par Mme ONGONO Natacha du MINPROFF.

Cet exposé débutait toujours par la définition du Droit comme étant l’ensemble des règles et normes juridiques régissant les rapports entre les individus dans la société et qui définissent leurs prérogatives et privilèges, ainsi que ce qui est obligatoire, autorisé ou interdit.

De nos jours, la terminologie « droits de l’Homme » connaît des mutations qui lui font céder progressivement la place à celle de « droits humains ». Ainsi, les droits de la femme constituent les droits humains couvrant tous les aspects de la vie de la femme notamment en matière de santé, d’éducation, de formation, de travail ou d’emploi, d’autonomisation et de bien-être économique, de participation politique, d’occupation des postes de responsabilité et/ou de prise de décision.

Les participantes étaient par la suite entretenues sur divers sujets apportant d’amples explications sur :

    • la typologie des droits humains(droits civiques, droits économiques, droits politiques, droits sociaux et droits culturels);

    • l’ensemble des instruments juridiques de promotion des droits de la femme

      aux plans international, régional et national. Au niveau international : la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ; la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination à l’Egard des Femmes (CEDEF). Au niveau régional : la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, l’Acte Uniforme pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA). Au niveau national : la Constitution, les lois et règlements, le Code Civil et le Code Pénal.

  • La mise en œuvre des politiques de promotion des Droits de la femme au Cameroun.

    Il s’agit ici des actions menées par le gouvernement en faveur de la reconnaissance des Droits des femmes au Cameroun. Le gouvernement est soutenu dans cette mouvance par les institutions parapubliques, les partenaires au développement et les organisations de la société civile (OSC).De façon concrète, la mise en œuvre des politiques de promotion des droits de la femme se fait à travers entre autre : l ’édiction des normes législatives, les campagnes de sensibilisation et causeries éducatives pour la vulgarisation des instruments juridiques de promotion des droits de la femme, l’organisation des cliniques juridiques à l’intention des veuves et de toutes les femmes socialement vulnérables, les sessions de formation et de renforcement des capacités de divers acteurs intervenant dans la promotion des droits de la femme la production des documents et le plaidoyer.

  • Les facteurs limitant le respect des droits de la femme

    à savoir : les normes socioculturelles persistantes et dévalorisantes pour la femme (stéréotypes; traditions, rites, veuvage, lévirat, sororat, excision), la méconnaissance par les femmes de leurs droits et des recours existants, l’inexistence d’une loi spécifique sur la parité, l’analphabétisme, la pauvreté et la faible représentation des femmes dans les sphères de décision.

  • Comme perspectives pour l’atteinte de meilleurs résultats, en matière de promotion des droits de la femme, l’Etat se doit :
  • d’assurer l’accès à l’éducation pour toutes les filles ;
  • d’intensifier l’organisation des cliniques juridiques au profit des femmes ainsi que la lutte contre les pratiques socioculturelles néfastes ;
  • d’éradiquer la pauvreté ;
  • de faire voter et promulguer une loi spécifique sur la parité afin d’améliorer la représentation des femmes dans les sphères de décision.

       III- DES CÉRÉMONIES DE CLÔTURE

Les cérémonies de clôture ont été ponctuées par la formulation des recommandations et le mot de clôture prononcé par la modératrice qui a exprimé à chaque étape, sa satisfaction à l’endroit des participantes pour l’engagement dont elles ont fait preuve tout au long des travaux.

Elle les a exhortées à l’appropriation des connaissances acquises et bien évidemment à l’organisation des séances de restitution, afin de stimuler le changement du « modus operandi » au sein de leurs différents groupes.

C’est par ces propos d’espoir que les sessions étaient déclarées closes.

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